Les khwarezmiens sont considérés comme des turcs. En effet, dès le IXe siècle, le Khwarezm est une région charnière entre les mondes musulmans et turcs et au XIIIe siècle. Selon Jean-Paul Roux, à cette époque, la turquisation de cette région est totale, même si la langue officielle reste le persan.
(Cavalier Khwarezmien par Angus McBride)
De 1127 à 1156, le châh du Kharezm, Atsîz, était un turc qui était vassal du Seldjouqide Sandjar (1096-1156). Il se révolta en 1098 contre Sandjar mais fut battu à Hézârap. En 1141, les Qara-Khitaï envahissent la Transoxiane et infligent une sévère défaite à Sandjar (le 9 septembre, non loin de Samarcande). Sandjar se réfugie alors au Khorassan. Le châh du Khwarezm, Atsîz, à qui Sandjar avait pardonné, en profite pour se révolter une nouvelle fois. De 1143 à 1147, Sandjar défait Atsîz à plusieurs reprises et en profite pour réoccuper le Khwarezm. Mais Sandjar finira par tomber sous une révolte des turcs Ghuzz (ou Oghouz) qui l’emprisonnent de 1153 à 1156. Il mourra l’année de sa libération, en 1156. Les Châh du Khwarezm qui se succédèrent tentèrent alors tant bien que mal de maintenir ces peuplades turques turbulentes qu’étaient les Oghouz. En 1172, le châh du Khwarezm Arslan meurt en laissant ses deux fils, Takach et Sultan-châh se disputer le royaume. Takach est porté sur le trône en décembre 1172 avec l’aide des voisins Qara-Khitaï. Mais Takach voulant faire cesser le versement de tributs à ses protecteurs voit ses encombrants protecteurs prendre le parti de Sultan-châh. Celui-ci, à la tête d’une armée Khitan, conquiert une partie du Khorassan (1181) où il règne jusqu’en 1193, sans pouvoir reprendre le trône du Khwarezm. A la mort de Sultan châh (1193), Takach réunit le Khwarezm et le Khorassan sous sa couronne. Takach engage alors la conquête de l’Iraq, où il défait le dernier sultan seldjouqides, Toghroul II, le 19 mars 1194. A l’aube du XIIIe siècle, l’empire Khwarezmien comprend alors le Khwarezm (sud de la mer d’Aral), le Khorassan et la Perse. Le fils de Takach, Alâ ed-Dîn Mohammed lui succède alors en 1200 et engage la conquête de l’Afghanistan des Ghourides. Mais le souverain Ghouride, Chihâb ad-Dîn Mohammed de Ghor (1163-1206), infligea une défaite au châh en 1204. Ce dernier appelle les Qara-Khitaï à son secours. Le châh du Khwarezm, renforcé par une armée Khitaï commandée par Tâyankou-Tarâz et par un contingent du prince Qarakhanide Othmân, inflige alors une défaite à Mohammed de Ghôr à Hézârasp en 1204. Les Qara-Khitaï qui poursuivent le Ghouride écrasent son armée une seconde fois à Balkh (automne 1204). En 1206, à la mort de Mohammed de Ghôr, le châh du Khwarezm s’empare alors de Hérât et du Ghôr puis achève, en 1215, la conquête de l’Afghanistan. Auparavant, en 1207, avec l’aide du Qarakhanide Othmân ibn Ibrâhim (1200-1212), Mohammed de Khwarezm se libère du joug Qara-Khitaî et finit par leur infliger une défaite en 1210. Le Qarakhanide Othmân, qui avait ainsi remplacé un suzerain par un autre, se révolte en 1212 contre le châh du Khwarezm. Celui-ci prend alors Samarcande, la pille et fait exécuter Othmân, signant ainsi la fin de la dynastie Qarakhanide. En 1217, tous les gouverneurs turcs de Perse, les atabegs, font allégeance à Mohammed de Khwarezm. A la veille de l’invasion mongole, l’empire Khwarezmien est alors à son apogée, s’étendant du Khwarezm, au nord, à la Perse et l’Afghanistan, au sud, et du Pamir, à l’est, à l’Azerbaîjan et l’Irak, à l’ouest.
C’est donc le Chah Mohammed de Khwarezm (1200-1220) qui eut à subir le coup terrible qu’allait lui porter Gengis Khan. Le Châh prit de mauvaises décisions : il dispersa ses forces, pourtant en quantité impressionante, dans ses différentes villes laissant le champ libre aux vingt-mille cavaliers de Djebe et Sûbôtei. L’historien arabe Mohammed En-Nesawi dans son Histoire du sultan Djelal ed-din Monakobirti, prince du Khwarezm, nous dit ainsi « Une autre mesure funeste fut celle que prit le sultan de disséminer ses troupes dans les villes de la Transoxiane et du Turkestan. Ainsi, il laissa Inâl-Khân à Otrâr avec vingt mille hommes, Qotlogh-Khân avec un groupe dc dix mille cavaliers à Chehrkent, l'émir Ikhtiyàr ed-Din Kechki, grand écuyer, et Aghil Hadjeb, surnommé Aïnandj-Khân, avec trente mille hommes à Boukhàra, Thoghân-Khân, son oncle maternel, et les émirs du Ghour, entre autres Djermîkh, Harour, Ibn Izz ed-Din Ket, Hosâm ed-Dîn Mas'oud et d'autres avec quarante mille hommes à Samarqand ; Fakhr ed-Dîn Habech, connu sous le nom de 'Inân En-Nesawi, avec l'armée du Sedjestân à Termidz ; Belkhamour-Khân à Ouakch ; Abou Mohammed, l'oncle maternel de son père, à Balkh ; Asrek Bahlawân à Khenderoudz ; 'Aldjek Malek à Djaïlân ; EI-Barthâsi à Qondouz et Aslabeh-Khân à Ouledj. C'est-à-dire qu'il ne laissa aucune des places de la Transoxiane sans la faire occuper par une portion de l'armée active. Ce fut là une véritable faute, car, s'il avait offert le combat aux Tatars avant d'avoir ainsi disséminé ses forces, le sultan les eût aisément anéantis et en eût délivré la terre. »
Les deux généraux mongols allaient ainsi traverser le Khwarezm et parcourir 20,000 kilomètres, jusqu’au coeur de la Russie, réalisant une chevauchée qui restera gravée dans les annales. Pendant ce temps, Muhammad Chah, en fuite, allait mourir sur une petite île de la mer Caspienne…
C’est alors qu’apparut Djelal al-Din, fils de Muhammad qui, ayant appris la mort de son père, revenait d’Inde. Djelal le-Dîn mena une guerre de harcellement contre les mongols, ce qui lui attira les foudres de Gengis Khan. Le Khorassan, la Bactriane et l’Afghanistan expièrent pour cette résistance. Djelal al-Dîn remporta encore une victoire sur un corps mongol à Parwan, en octobre 1221, mais il préféra reculer devant l’offensive menée par Gengis Khan. Djelal al-Dîn fut alors battu sur les rives de l’Indus le 24 novembre 1221.
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