Même si mes chars avancent un peu (je suis en train de terminer tout le barda qu'ils transportent), voici encore un petit épisode issu du JMO du 2eRCA (de la 1ere DB)... Oui, je sais, ce n'est pas le régiment que j'ai choisi de représenter sur les tables de jeu !
Ce petit passage est sympa... A travers ces lignes, on revoit le tireur du char "Fury" dans le film éponyme...
"L'ILE NAPOLEON
C'est le 21
novembre (1944). La veille, le 2e escadron, parti de DELLE, s'est ouvert la route vers
le RHIN après une demi-journée de combat où, la main dans la main avec les
ZOUAVES, sans reprendre le souffle, trois villages ont été pris d'assaut et de
nombreux prisonniers faits. Une étape de nuit tous feux allumés, souvenir
inoubliable, avait porté tout le monde, exténué et joyeux, sur les bords du
RHIN.
Il s'agissait
maintenant de bondir sur MULHOUSE et particulièrement pour l'escadron d'en
commencer l'encerclement.
Parti de SIERENTZ,
le peloton SOUBIROUS* fonce rapidement. Objectif cette mystérieuse ILE NAPOLEON,
clef de la grande cité alsacienne, curieuse rosace de routes et de canaux, en
lisière de la forêt de la HART pleine de menaces et d'inconnu, il fallait
prendre intact ces quelques six ou sept ponts, pour cela gagner de vitesse
l'allemand encore étourdi de surprise et terminer la manœuvre avant la nuit.
HABSHEIM est rapidement traversé par le tonnerre des Sherman marchant au
maximum des moteurs.
« Une barricade
suspecte devant à un kilomètre » signale la radio du maréchal des logis
GOURLAND qui, sur le PARIS a aujourd'hui l'honneur d'être en tête. « En avant.
Allez voir ; on vous appuie ». Le peloton repart.
Dans chaque char,
les tireurs s'écrasent le front contre leurs lunettes et fouillent le terrain.
La batterie d'artillerie qui suit tout près, s'arrête en travers de la route,
prête à déclencher un barrage sur ce village de RIXHEIM qui n'a pas l'air de
vouloir se laisser aborder facilement.
L'aboiement sec
d'un 75, l'écho de l'éclatement de l'obus ; le PARIS a tiré. Brusquement une
grosse fumée noire monte dans une explosion, on voit l'équipage sauter à terre
tandis que les artilleurs et les autres chars déclenchent sur le village un tir
écrasant et rapide. Mais sous les balles allemandes qui partent des caves,
l'équipage bondit à nouveau dans son char et son tir reprend. Allons, ce n'est
pas grave mais il faut le dégager et surtout continuer en avant. Rapidement le
reste du peloton SOUBIROUS contourne RIXHEIM par la droite « détruit les canons
» d'une unité de D.C.A. qui tentait de se défendre et fonce sur son objectif sans
s'occuper du reste. Le peloton HENRARD pousse en avant dans le village, tandis
que les zouaves nettoient les vergers à gauche de la route. Les allemands
encerclés se rendent au nombre de 80. Qu'était-il arrivé au PARIS ? Touché, à
bout portant par un bazooka, blindage traversé, aveuglé par la flamme qui avait
jailli dans la tourelle, l'équipage croyant le char en feu avait sauté dans le
fossé.
Au bout de trente
secondes, voyant que rien ne brûlait, sauf à 400 mètres en avant le camion
essence que le premier obus du PARIS avait touché, tout le monde reprenait sa
place et continuait le combat. La course éperdue recommence, MULHOUSE doit être
coupée avant la nuit.
Lorsque le soir
tombe, L'ILE NAPOLÉON forcée en quelques minutes, l'objectif largement dépassé,
encombré de 400 prisonniers, l'escadron couche au nord de la grande ville
empêchant toute fuite allemande vers l'est et enlevant tout espoir de renfort
de ce côté.
Ce soir là l'équipage du PARIS a bien dormi."
* Chars LOURDES, ANGERS, BEAUVAIS, BECON LES BRUYERES, PARIS, CHAMPEAU et METZ
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